Un constat alarmant

Depuis la crise des supprimes en 2008 et la récession économique mondiale, la presse à encore plus de mal a résister a une concurrence acharnée et a un certain désintérêt pour cette forme de l’information par les jeunes populations. Ses recettes ne font plus que diminuer jour après jour et ses couts de production et de distribution se trouvent de plus en plus onéreux. Assiste-t-on à la fin de la presse écrite ?

 

Tout d’abord, la presse écrite voit ses revenus considérablement diminués à cause de l’augmentation des supports de la publicité et des petites annonces dont les recettes sont essentiellement captées par internet qui est devenu le principal moteur du marché publicitaire (le seul média à voir sa part de marché réellement augmenter : de 5,9% à 10,8% en 2001). Les nombreux sites (en 1995 il y avait 23500 sites ; en juillet 2007 on en a recensé plus de 125 millions) forment une nouvelle technologie qui s’est diffusée très rapidement et a brusquement confisqué à la presse une partie de ses budgets publicitaires.
Les puissants moteurs de recherche (Google, Yahoo…) ainsi que les réseaux sociaux (Facebook, Twitter…) absorbent d’importantes part du marché publicitaire aux dépend des anciens moyens d’informations et essentiellement des journaux. D’ici à quatre ans, d’après le fond d’investissement Veronis Suhler Stevenson, spécialisé dans les médias, la publicité sur Internet pourrait peser 62 milliards de dollars, contre 60 milliards pour les journaux et 86 milliards pour la radio et la télévision. Seule une infirme partie de ces budgets sera récupérée par les sites des journaux.
Pour illustrer ces propos nous citerons deux exemples criants : Le Figaro, le plus ancien quotidien français, a vu ses recettes publicitaires tomber de 120 millions d’euros en 2003 à 80 millions en 2007 et respectivement pour les mêmes années, les recettes dues aux petites annonces sont passées de 97 millions d’euros à 25 ! De même le journal du Monde atteignait en 2001 le record de ses recettes publicitaires de 100 millions d’euros alors qu’aujourd’hui celles-ci sont approximativement de 50 millions.
De plus, la concurrence des journaux gratuits est de plus en plus pesante d’un point de vue économique puisque depuis 2002 leur chiffre d’affaire a augmenté de plus de 30%(recettes essentiellement dues à la publicité) et de nombreux lecteurs préfèrent cette solution moins onéreuse : 20 minutes est devenue le premier quotidien national en 2007 avec ses quelques 2617000 lecteurs. Cela fait autant de lecteurs et de recettes publicitaires en moins pour les quotidiens payants.

 

"Evolution du marché de la publicité dans les médias"


En France, le hors-média est particulièrement marqué (affichage, prospectus publicitaires dans les boites aux lettres, sponsoring, réclame au cinéma…) puisqu’il représente deux tiers des budgets publicitaires. C’est d’ailleurs l’une des raisons de la fragilité et du manque de capitaux de la presse française, comparée à celle des États-Unis ou du Royaume-Uni.
Les nouveaux moyens d’information sont tout particulièrement destinés à un public jeune, qui vit dans cette nouvelle ère de la technologie et d’internet. Le web peut être capté partout aujourd’hui grâce aux nouveaux téléphones cellulaires troisième génération (3G) pouvant se connecter n’ importe où à internet. En revanche, l’âge moyen des utilisateurs des sites des journaux est passé de 37 à 42 ans entre 2000 et 2005 : même sur Internet, le lectorat des journaux vieillit. Cet âge est certes inférieur à celui des lecteurs papiers (55 ans), mais les chiffres indiquent néanmoins l’échec de la stratégie des journaux pour conquérir le public jeune des 25-30 ans. Non moins grave, le nombre des nouveaux utilisateurs de sites de journaux ne cesse de décliner.
Une étude récente menée par des chercheurs de l’University College a relevé que la plupart des visiteurs de ces sites avaient tendance à « effleurer » les informations, passant rapidement de l’une à l’autre, ne revenant que très rarement en arrière et ne lisant qu’une ou deux pages avant de passer au document suivant. Quand on sait que la presse écrite se remarque pour l’approfondissement et l’analyse de sujet de société, on se dit que le monde internet ne peut qu’être hostile à ce genre de média. D’ailleurs l’emplois des verbes pour désigner la lecture sur les deux supports en dit long sur la mentalité avec laquelle l’on « lit » un journal et l’on « consulte » un site, impliquant une lecture éphémère et peu profonde. De même la lecture sur le Web n'a plus rien à voir avec le parcours, parfois lent et pénible, effectué d'un bout à l'autre d'une œuvre imprimée sur papier : on ne lit pas, on "surfe", on glisse sur des pages où se mêlent du texte, des images, de plus en plus de vidéo, et surtout un nombre presque illimité de "liens", qui en permanence attirent l'attention vers une autre page, un autre site.
Significativement, les sites Internet, y compris les sites d'information, ne comptabilisent pas les lecteurs, mais les visiteurs. Encore une fois, les mots ont un sens.
Pour arriver à capter l’attention des nouveaux lecteurs les sites internet d'information ont dû écrire plus court, privilégier les sommaires et les résumés, insérer des images; le mouvement, la mobilité et la célérité doivent donner aux lecteurs pressés le sentiment qu'ils ont toujours accès à l'essentiel en quelques clics.

Conclusion :

L'augmentation des coûts de fabrication, du prix du papier et des frais de distributions, le faible nombres de points de ventes (29 000 en France contre 105 000 en Allemagne) et le désistement croissant des jeunes lecteurs pour la presse écrite (59% des français de plus de 15 ans lisaient un quotidien en 1967, alors qu'en 2005 il n'y en avait plus que 34%, et près de 43% des lecteurs de la presse quotidienne nationale ont plus de 50 ans) : tout s'additionne pour démontrer que le modèle économique de la plupart des journaux est brisé. L'écologie elle-même est venue planter un clou sur le cercueil : l'industrie des « arbres morts et des camions » est non seulement trop onéreuse, elle est désormais considérée comme nuisible à l'environnement.
 

Enfin l’irruption des technologies numériques et des nouveaux moyens de communication a bouleversé une grande partie de nos comportements sociaux : manière de se parler, de se rencontrer, d’écouter, de lire, d’écrire, de consommer, de faire communauté. L'information a complétement changée de formes et de sens. La lecture sur le Web n'a plus rien à voir avec les journaux papier, elle est rapide, hâtive, et souvent superficielle. L'internaute ne retient que quelques point important, qui sont centraux dans la réflexion.